Piketty's toolkit for saving the world

Piketty just published Capital and Ideology, a far more ambitious work than his 2013 breakthrough of world renown. It’s about 1,200 pages of history, political economy, political science and economic theory, and another hundred pages or so on top of that of actual proposals. They are so breathtaking in scope and so forward-looking that either we stop calling Piketty an economist, or else we move away from calling economics - even in jest - “the dismal science”. (The first is far more likely to happen in the US; though in 2013, “orthodox” economists on both sides of the Atlantic were more silent than critical.)

There’s a first (and very modest) review of this book in the Financial Times. (Note how the author couldn’t translate “propriétariste” in English - as the language doesn’t currently support Piketty’s thinking.)

This is a short summary of Piketty’s proposals for my own notes. His ideas for change are in Chapter 17, which consists of 19 headings:

1. Justice as participation and as deliberation

This is where Piketty is stating his philosophical framework: he is a classical Utilitarian trying to bring about the greatest amount of good for the greatest number. His “fundamental goods” are those of a Social Democrat: education, healthcare, voting.

“Qu’est-ce qu’une société juste ? Dans le cadre de ce livre, je propose la définition imparfaite suivante. La société juste est celle qui permet à l’ensemble de ses membres d’accéder aux biens fondamentaux les plus étendus possible. Parmi ces biens fondamentaux figurent notamment l’éducation, la santé, le droit de vote, et plus généralement la participation la plus complète de tous aux différentes formes de la vie sociale, culturelle, économique, civique et politique. […] La société juste n’implique pas l’uniformité ou l’égalité absolue.”

2. Beyond capitalism and private property

A short rehash of his conclusions from the entire book (the previous 1,200 pages): the dominant ideology on the planet today is “propriétarisme” (I’m curious how the US publisher will translate that word), which is flawed for many reasons.

“J’ai défini dans le cadre de cette enquête le propriétarisme comme l’idéologie politique fondée sur la défense absolue de la propriété privée, et le capitalisme comme l’extension du propriétarisme à l’âge de la grande industrie, de la finance internationale, et aujourd’hui de l’économie digitale.”

3. Power-sharing in the corporate sector: an experimental strategy

Piketty says workers everywhere (not just in Germany and Scandinavia) should have significant voting rights, perhaps equal to those of shareholders. Corporate governance must be fixed.

“En particulier, les Constitutions allemandes de 1919 et 1949 adoptèrent une définition sociale du droit de la propriété, dont les termes doivent être fixés par la loi en fonction de l’intérêt général et du bien de la communauté, hors de toute sacralisation. Initialement combattues avec vigueur par les actionnaires privés, ces règles sont maintenant appliquées depuis plus d’un demi-siècle et font l’objet d’un très large consensus dans les pays concernés.

Tous les éléments dont nous disposons suggèrent que ces règles ont été un grand succès. Elles ont permis une plus grande implication des salariés dans la définition des stratégies de long terme des entreprises, et d’équilibrer la toute-puissance souvent néfaste des actionnaires et des intérêts financiers de court terme. Ces règles ont favorisé l’émergence en Europe germanique et nordique d’un modèle social et économique à la fois plus productif et moins inégalitaire que tous les autres modèles expérimentés jusqu’ici. Dès lors, il me paraît justifié de l’appliquer sans attendre dans les autres pays, dans sa version maximale, avec la moitié des droits de vote dans les conseils d’administration ou de direction de toutes les entreprises privées, y compris les plus petites.”

4. Progressive property taxes and the circulation of capital

On top of progressive income taxes and estate taxes, it is vital to have a progressive wealth tax - this would be in fact the central tool in guaranteeing circulation of capital in the economy.

“Afin d’éviter qu’une concentration démesurée de la propriété ne se reconstitue de nouveau, les impôts progressifs sur les successions et les revenus doivent continuer de jouer à l’avenir le rôle qu’ils ont rempli au cours du XXe siècle, avec des taux atteignant ou dépassant 70 %-90 % au sommet de la hiérarchie des patrimoines et des revenus pendant des décennies (notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni), décennies qui avec le recul dont nous disposons apparaissent comme les périodes de plus forte croissance jamais observées. L’expérience historique indique cependant que ces deux impôts ne sont pas suffisants et qu’ils doivent être complétés par un impôt progressif annuel sur la propriété, qui doit être considéré comme l’outil central permettant d’assurer une véritable circulation du capital.”

5. Diffusing property through an universal capital endowment

Piketty proposes creating a universal capital endowment, following the logic of European reformers of the 19th century who transferred the ownership of much of the land from landlords to serfs. A citizen would thus be allotted a certain sum upon reaching a certain age (e.g. 25).

“Si l’on souhaite véritablement diffuser la propriété, et permettre ainsi aux 50 % les plus pauvres de détenir une part significative des actifs et de participer pleinement à la vie économique et sociale, il paraît donc indispensable de généraliser la notion de réforme agraire en la transformant en un processus permanent concernant l’ensemble du capital privé. La façon la plus logique de procéder serait de mettre en place un système de dotation en capital versée à chaque jeune adulte (par exemple à l’âge de 25 ans) et financée par un impôt progressif sur la propriété privée. Par construction, un tel système permet de diffuser la propriété à la base tout en limitant sa concentration au sommet.”

6. The triptych of progressive taxation: property, inheritance, income

Piketty is proposing a universal capital endowment at 60% of median private wealth. Currently, this stands at around €200,000 per capita in Western Europe, United States, Japan; therefore each adult would be awarded around €120,000. He says this will do much to correct the extraordinary discrepancy in inheritance (where the bottom half of society gets approximately nothing while the youth of the top 1% gets tens of millions of euros).

“Considéré dans son ensemble, le système fiscal de la société juste reposerait sur trois grands impôts progressifs : un impôt progressif annuel sur la propriété, un impôt progressif sur l’héritage et un impôt progressif sur le revenu. […]

Prenons un exemple. Dans les pays riches (Europe de l’Ouest, États-Unis, Japon), le patrimoine privé moyen est à la fin des années 2010 d’environ 200 000 euros par adulte. Dans ce cas, la dotation en capital sera donc de 120 000 euros. De facto, ce système aboutirait à une forme d’héritage pour tous. Actuellement, compte tenu de l’extrême concentration de la propriété, les 50 % les plus pauvres ne reçoivent quasiment rien (à peine 5 %-10 % du patrimoine moyen), alors que parmi les 10 % les plus riches certains jeunes adultes héritent de plusieurs centaines de milliers d’euros et d’autres de plusieurs millions ou dizaines de millions d’euros. Avec le système proposé ici, chaque jeune adulte peut commencer sa vie personnelle et professionnelle avec un patrimoine égal à 60 % du patrimoine moyen, ce qui offre des possibilités nouvelles pour acquérir un logement ou financer un projet de création d’entreprise.”

7. The return of tax progressivity and a permanent agrarian reform

Piketty argues that the tax rates used in the US and the UK from the 1930s to 1980 should be brought back; that is, 60-70% income and estate taxes on estates worth more than x10 median; and 80-90% taxes on those worth more than x100 median.

“S’agissant des taux d’imposition applicables aux plus hautes successions et aux plus hauts revenus, je propose qu’ils atteignent des niveaux de l’ordre de 60 %-70 % au-delà de 10 fois la moyenne des patrimoines et des revenus, et de l’ordre de 80 %-90 % au-delà de cent fois la moyenne (voir tableau 17.1) Ces niveaux sont conformes à ce qui a été appliqué au XXe siècle dans de nombreux pays pendant des décennies (en particulier aux États-Unis et au Royaume-Uni au cours de la période 1930-1980).”

8. Towards social and temporary property

Property is a social convention, not a natural or divine right; therefore property rights can and should be tweaked to correct for social injustice.

“De façon générale, ces dispositifs institutionnels reposent sur une vision de la propriété comme relation sociale, et qui doit par conséquent être régulée comme telle. L’idée selon laquelle il existerait une propriété strictement privée et des formes de droits naturels et inviolables de certaines personnes sur certains biens ne résiste guère à l’analyse. L’accumulation de biens est toujours le fruit d’un processus social, qui dépend notamment des infrastructures publiques (en particulier du système légal, fiscal et éducatif), de la division du travail social et des connaissances accumulées par l’humanité depuis des siècles.”

9. National wealth transparency

Piketty points out that not much can be achieved without transparency and data aggregation. He argues that property taxes are currently paid in an absurd way (two persons, both owning houses worth €300,000, pay the same amount, even when one is €250,000 in debt and the other one has €2,000,000 in his bank account).

“Par exemple, une personne détenant une maison ou un bien professionnel d’une valeur de 300 000 euros, mais avec une dette de 250 000 euros, serait imposée sur la base d’un patrimoine net de seulement 50 000 euros, ce qui avec un barème progressif du type de celui indiqué sur le tableau 17.1 conduirait à un impôt sur la propriété quasi nul, et donc à une forte baisse d’impôt par rapport à l’actuelle taxe foncière. À l’inverse, une autre personne détenant un bien d’une même valeur de 300 000 euros ainsi qu’un portefeuille financier de 2 millions d’euros, et qui actuellement paie la même taxe foncière que la première (ce qui en dit long sur l’absurdité, l’injustice et l’archaïsme du système fiscal en vigueur, directement issu du début du XIXe siècle), ferait face à une augmentation d’impôt sur la propriété.”

10. Inscribing fiscal justice in the constitution

Piketty proposes inscribing the concept of fiscal justice in the constitution as a basis of future reform. He points out that a society’s philosophical principles have consequences: e.g., in the 19th century, when slavery was outlawed, slaveowners were compensated in both France and the UK (because they had suffered property loss) but slaves were not (as there was no legal basis to compensate slaves).

“De façon générale, il faut souligner que les constitutions et les déclarations de droits établies à la fin du XVIIIe siècle et au cours du XIXe siècle étaient profondément imprégnées de l’idéologie propriétariste de l’époque. Cela s’incarnait notamment dans une véritable protection constitutionnelle accordée aux droits de propriété privée établis dans le passé, qui ne devaient être remis en cause sous aucun prétexte, quelle que soit la majorité politique du moment. C’est d’ailleurs dans ce contexte que furent adoptées au Royaume-Uni et en France des compensations financières pour les propriétaires d’esclaves lors du vote des abolitions de 1833 et 1848. Il paraissait en effet impensable dans l’esprit de la classe dirigeante de l’époque que l’on puisse priver les propriétaires de leurs droits sans une juste compensation. En revanche, personne ne jugea utile d’indemniser les esclaves en compensation des torts qu’ils avaient subis.”

11. Basic income and fair wages: the role of the progressive income tax

A reminder of the social role played by progressive income taxes over the past century.

“L’expérience historique montre que les taux marginaux de l’ordre de 70 %-90 % sur les plus hauts revenus ont permis de mettre fin aux rémunérations astronomiques et inutiles, au plus grand bénéfice des salaires moins élevés et de l’efficacité économique et sociale d’ensemble.”

12. The issue of progressive taxation of carbon emissions

Carbon emissions are currently taxed at a flat rate (when they are taxed at all). This is unjust, and they should be taxed progressively.

“Les émissions carbone sont fortement concentrées au sein d’un petit groupe d’émetteurs constitué principalement de personnes à hauts revenus et à hauts patrimoines dans les pays les plus riches du monde (particulièrement aux États-Unis).[…] À ce jour, les formes de taxe carbone utilisées ont été essentiellement proportionnelles. Autrement dit, on vise à imposer toutes les émissions au même taux, qu’il s’agisse de celles de personnes émettant 5 ou 10 tonnes de carbone (équivalent CO2) par an, c’est-à-dire à proximité de la moyenne mondiale, ou de celles de personnes émettant 100 ou 150 tonnes par an, ce qui correspond aux 1 % des individus émettant le plus haut niveau mondial. Le problème d’un tel système est que les plus gros émetteurs, pour peu qu’ils en aient les moyens, peuvent se retrouver à ne rien changer à leur mode de vie hautement carboné.”

13. Building educational justice standards

Education of the same quality should be provided to all.

“S’il existait une réelle augmentation des moyens en faveur des établissements primaires et secondaires les plus défavorisés, alors le premier effet serait de faire remonter les niveaux d’investissements éducatifs les plus bas indiqués sur le graphique 17.1, et de rendre ainsi la répartition de la dépense éducative plus égalitaire et plus juste.”

14. Leaving behind educational hypocrisy, promoting transparency

A follow-up of the previous section, pointing out that in most countries educational spending is relatively opaque and does not allow researchers to analyze its fairness.

“Actuellement, dans la plupart des pays, les procédures régulant les dépenses éducatives sont relativement opaques et ne permettent pas une appropriation collective et citoyenne.”

15. A just democracy and democratic equality

A section on political financing, pointing out the nefarious effects of large private donations to political campaigns, think tanks, universities.

“Il est un autre aspect du régime politique auquel il est urgent de s’intéresser davantage : celui du financement de la vie politique et de la démocratie électorale. En théorie, le suffrage universel repose sur un principe simple : une femme (ou un homme), une voix. En pratique, les intérêts financiers et économiques, soit directement au travers du financement des partis et des campagnes, soit indirectement au travers des médias, des think tanks ou des universités, peuvent avoir un effet décuplé sur les processus politiques.”

16. Vouchers for equal democracy

Piketty proposes the following fix: a complete ban on corporate donations (already the case in most European countries) and a low limit on private donations (e.g., €200 per year). Instead, political financing would be public and would take place through an electronic portal: each citizen would get a voucher (say, €5) to assign to his political party of choice. Only the parties chosen by at least 1% of the population would get funding, and those vouchers unassigned by uninterested voters would get reallocated proportionally.

“Il est un autre aspect du régime politique auquel il est urgent de s’intéresser davantage : celui du financement de la vie politique et de la démocratie électorale. En théorie, le suffrage universel repose sur un principe simple : une femme (ou un homme), une voix. En pratique, les intérêts financiers et économiques, soit directement au travers du financement des partis et des campagnes, soit indirectement au travers des médias, des think tanks ou des universités, peuvent avoir un effet décuplé sur les processus politiques.

Pour résumer, l’idée serait de donner à chaque citoyen un bon annuel d’une même valeur, par exemple 5 euros par an, lui permettant de choisir le parti ou mouvement politique de son choix. Le choix se ferait en ligne, par exemple au moment où l’on valide sa déclaration de revenus et de patrimoine. Seuls les mouvements obtenant le soutien d’un pourcentage minimal de la population (qui pourrait être fixé à 1 %) seraient éligibles. S’agissant des personnes choisissant de ne pas indiquer de mouvement politique (ou de celles indiquant un mouvement recueillant un soutien trop faible), la valeur de leurs bons annuels serait allouée en proportion des choix réalisés par les autres citoyens. […] Le système de bons pour l’égalité démocratique s’accompagnerait par ailleurs d’une interdiction totale des dons politiques des entreprises et autres personnes morales (comme cela est déjà le cas dans de nombreux pays européens, par exemple en France depuis 1995) et d’un plafonnement radical des dons et cotisations des individus privés (que Julia Cagé propose de limiter à 200 euros par an).”

17. Just frontiers: rethinking social-federalism at the global scale

Piketty points out the contradictions of the current model of globalization, e.g. complete freedom of movement for capital, goods, services but complete national sovereignty over the fiscal, social, legal domestic systems.

“L’organisation actuelle du monde repose sur des postulats auxquels nous sommes tellement habitués qu’ils nous paraissent parfois indépassables, mais qui en réalité correspondent à un régime politico-idéologique très spécifique. On considère d’une part que les relations entre les pays doivent être organisées sur la base de la libre circulation la plus absolue des biens, des services et des capitaux, et que des pays qui refuseraient ces règles s’excluraient quasiment du monde civilisé. On considère d’autre part que les choix politiques à l’intérieur des pays, notamment en termes de système fiscal, social ou légal, ne concernent que ces seuls pays et doivent faire l’objet d’une souveraineté strictement nationale. Le problème est que ces postulats conduisent immédiatement à des contradictions dont l’ampleur n’a fait que s’accroître au cours des dernières décennies, et qui menacent de faire exploser le cours actuel de la mondialisation.”

18. Towards a transnational justice

Piketty would like to see larger federations (European Union, African Union, United States) to acquire larger roles in order to prevent various abuses taking place in smaller jurisdictions (countries that could be great polluters, tax havens, human rights pariahs etc.)

“Compte tenu des liens de proximité liés à des échanges humains et économiques plus importants, le plus logique serait que des ensembles régionaux se forment et collaborent entre eux, par exemple entre l’Union européenne et l’Union africaine, l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique, et ainsi de suite.”

19. Between cooperation and withdrawal: the evolution of the transnational inegalitarian regime

In Piketty’s view, the greatest danger to fiscal justice is corporate flight to tax havens or low-tax states (= corporate tax evasion).

“La course poursuite vers la non-imposition des bénéfices des sociétés constitue sans nul doute le risque le plus lourd que court actuellement le système fiscal mondial.”

(All translations/summaries mine - the book is currently available only in French.)